Un spectacle d’humour d’1h45 sans entracte avec des blagues, des extraits rejoués et un récap’ de ses meilleurs sketchs, voilà ce que va proposer Renaud Rutten à Charleroi au (Spirou) Dôme…
Renaud, ce sera une des plus grandes salles où vous vous serez produit, non ?
J’ai créé ce spectacle au Country Hall à Liège devant 4.700 personnes. C’est comparable, mais si je fais 3.500 personnes à Charleroi, je serai ravi.
C‘est vos 30 ans de scène que vous fêtez ?
C’est long, j’ai 56 ans, je deviens vieux, mais ce ne sont pas encore mes adieux !
Le meilleur et le pire moment de votre carrière ?
Des bons moments, il y a eu notamment à l’époque où j’ai gagné le Festival du rire de Rochefort. Le pire, c’était une fois à Welkenraedt, je faisais une pièce pour un homme seul qui s’appelait « La solitude du gardien de but ». Je m’étais bien amusé à mettre en scène ces 2X45 minutes entrecoupées par une mi-temps avec un faux gazon sur scène et tout… Mais une pièce dramatique alors que j’étais dans « la bande de Contact » à la radio, ben, les gens ne m’attendaient pas là. Je ne l’ai jouée que deux fois, cette pièce… Ça arrive de tomber mal, c’est comme quand Pirette s’est mis à la chanson.
Encore le sentiment d’être cantonné à un style ?
Pas du tout. Là, j’ai mûri. Après, j’ai fait un truc sur les rapports entre un père et une fille ou une comédie policière interactive où les gens me font évoluer dans l’enquête au moyen de leur boîtier. Sans problème : les gens sont maintenant avec moi, même si le spectacle n’a pas la vocation à être drôle. Entre-temps, j’ai fait plein de trucs, comme « Braquo » ou « Zone blanche » à la télé, et des petits rôles dans « Dikkenek » ou « Le petit Nicolas».
Là, ça s’appelle « Mégalo Man Show ». Pour qu’on ne vous reproche pas… d’être mégalo ?
C’est pour me foutre de ceux qui en sont de vrais. Les humoristes, on n’a pas inventé une fusée non plus. Il faut de l’autodérision. Je me pointe sur une petite Honda dont le moteur ne va pas… à côté de deux potes en Harley!
C’est très belge, ça, non ?
Exactement et je suis fier de ça, je revendique ma belgitude. Rire à ses dépens, un Belge le fait, un Français moins. Mais si les productions françaises s’intéressent de plus en plus aux acteurs belges, c’est aussi pour ça : on est moins « divas ».
Avez-vous le sentiment d’être aussi libre qu’avant ?
Monter sur scène, c’est un métier à risques, on n’est pas pilote de F1, mais on n’est pas comptable non plus. Quand on travaille avec une scie, il arrive qu’on se coupe ! Ce qui a changé, c’est les réseaux sociaux : certains profitent lâchement de l’anonymat pour déverser de la haine. On a traité Bigard de « porc » pour une blague qu’Alain Soreil et moi, on raconte aussi. Il m’arrive à présent de faire signer une charte à ceux qui viennent de me voir où ils s’engagent par exemple à ne pas porter plainte contre moi ou à ne pas m’en raconter une bien bonne après le show. C’est sur le ton de l’humour, mais ça dit quelque chose de notre époque. Ça fait référence aussi à ce qui est arrivé à Jean-Marie Bigard ou Laura Laune. On ne doit pas aller dans le politiquement correct, l’assistanat social et le regain de pudibonderie… Mais je reste persuadé quand je regarde le Grand Cactus que la liberté de ton, on l’a, faut juste la prendre.
L’autre grande question, c’est le plagiat. Qu’on cherche des poux à Gad Elmaleh, vous comprenez ?
Oui. On n’est pas des millions à faire ce métier ! C’est quand même dommage d’aller piquer des idées sans le dire. Moi aussi je raconte une blague de Coluche, mais je le dis ! On ne peut pas monter un meuble Ikea et puis prétendre être ébéniste, ça va pas ! Bien sûr, les spectacles de blagues, on sait ce que c’est, jamais je n’ai déposé une blague ! Et je n’ai aucun droit d’auteur dessus, normal, c’est un spectacle que j’ai écrit, mais qui est influencé par les autres…
SAM CHRISTOPHE dans LA MEUSE VERVIERS du 10 septembre 2019.